L'Oratoire du Louvre, une vocation de courte durée pour Jean de La Fontaine

Personne ne sait pourquoi le fils aîné d'une famille aisée se lance dans une voie plutôt destinée aux cadets, dans cette société où l'on ne veut surtout pas diviser l'héritage. Son jeune frère Claude le suivra quelques mois plus tard, ce qui laissait la famille sans possibilité de descendance ni fructification du bien familial.

D'où venait ce désir religieux de la part du jeune Jean ? La région de Château-Thierry, ainsi que beaucoup de provinces de l'est, souffraient de la guerre de trente ans : pillages, famines, actes de cruauté, populations jetées sur les routes. Jean a vu toutes ces horreurs qui provoquèrent un fort mouvement général de ferveur. D'autre part, ces Oratoriens, concentraient en leur sein, des intellectuels très actifs, grands lecteurs des textes anciens. Cela aussi pouvait être attirant pour un jeune homme de vingt ans, plein de curiosité intellectuelle et cherchant sa voie.

Si cette vocation ne dura pas, les conditions de vie à l'Oratoire, y étaient peut-être pour quelque chose : lever à quatre heures, messes, chant des cantiques, étude, nourriture frugale en silence, une récréation tout de même puis coucher de bonne heure après une soirée de silence et de prières. L'unique langue parlée était le latin, matière très aimée de La Fontaine. Le père Desmares, instructeur du jeune et indiscipliné Jean finit par baisser les bras et le laisser lire ce qui lui plaît : " Desmares s'amusait à lire saint Augustin et moi mon Astrée" conviendra-t-il plus tard.

L'Oratoire est une église construite à partir de 1621 par l'architecte Lemercier, au service du roi, sur demande du Cardinal de Bérulle, fondateur de cette nouvelle congrégation. L'église se compose d'un chœur de forme elliptique ainsi que d'une nef magistrale bordée de chapelles latérales.

Louis XIII en fait la chapelle royale du palais du Louvre et donc la cour prit l'habitude d'y entendre la messe. À la révolution elle fut saccagée : sculptures et bas reliefs-brisés et peintures détruites, sauf rares exceptions. Le bâtiment fut sauvé de la démolition car il servait de dépôt aux décors de l'Opéra et du Théâtre Français. En 1811, c'est l'empereur Napoléon qui donnera l'Oratoire aux protestants pour qu'ils puissent avoir un lieu de culte de qualité.

L'Oratoire est situé dans un quartier parisien très ancien et qui fut le quartier de Jean de La Fontaine pendant la dernière partie de sa vie. On y retrouve l'emplacement des maisons de ses protectrices : Madame de La Sablière rue Saint Honoré, Madame d'Ervart rue Platrière (aujourd'hui rue J.J. Rousseau). Il fit un malaise en revenant de siéger à l'Académie française qui l'emportera peu de temps après rue du Chantre, qui n'existe plus mais qui se situait entre le Louvre et la rue Saint Honoré. Enfin, il fut inhumé au cimetière des Innocents le 13 avril 1695, tout près de là ; aujourd'hui place Joachim du Bellay.

Le 1er février, nous avons eu la chance de visiter l'Oratoire du Louvre sous la conduite de Madame Guttinger, dans le cadre des sorties parisiennes pour les adhérents. Qu'elle soit ici remerciée de nous avoir fait partager ses connaissances et son amour pour ce superbe bâtiment.

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