2023
Flacon de corozo, un objet du musée
Il représente Le Renard et la Cigogne, dont les deux épisodes de la fable sont représentés chacun sur une face, dans un décor végétal naïf. C'est un tout petit flacon fermé par un bouchon.
Il servait probablement à mettre du tabac à priser, prenant ainsi le petit nom de "secouette". Il était fabriqué à partir d'une noix de corozo, fruit d'un palmier d’Amérique du sud, poussant au cœur de la forêt amazonienne. Dans les fruits de ces palmiers, se trouvent des noyaux gros comme des œufs et qui contiennent un liquide laiteux consommé par les indigènes. En les laissant sécher au soleil, on obtient des amandes très dures ayant la même qualité que l'ivoire. D'où son surnom d'ivoire végétal. C'est à la fin du XVIIIᵉ siècle que les Européens découvrirent que les Indiens s'en servaient aussi pour sculpter de petits objets. Découvert par les Allemands, ils monopolisèrent cette marchandise en faisant croire, pour brouiller les pistes de leurs concurrents, que ces noix venaient d'Afrique. En effet, les vaisseaux venant d'Amérique y faisaient escale. Il fallut attendre le percement du canal de Panama (1914) pour que le pot aux roses soit découvert. Jusqu'à 42 000 tonnes furent exportées vers l'Europe et les États Unis chaque année. Les Européens raffolèrent de ces noix pour les transformer surtout en boutons. Mais on les utilisait également pour la coutellerie, les fourneaux de pipe, les bijoux et les touches de piano. Cette matière très dure et très résistante était travaillée au tour et au burin. Les plus grosses se transformaient en étuis ou en flacons comme celui-ci. Mais dans les années 1950, avec l'apparition du plastique, cet artisanat fut complètement oublié.